💡Marcher pour créer

Apprécier ce qu’il y a encore peu de temps, nous prenions pour acquis.

D’ordinaire, cette perspective ne risque guère de soulever l’enthousiasme. Mais, dans le contexte de confinement, le « retour à la normale », le simple fait de pouvoir sortir de nouveau et marcher normalement nous fait languir.

Michael McIlvaney - From the shadows 💡Marcher pour créer par Sylvie Gendreau, le laboratoire créatif des Cahiers de l’imaginaire

Michael McIlvaney - From the shadows 💡Marcher pour créer par Sylvie Gendreau, le laboratoire créatif des Cahiers de l’imaginaire

Dans un passé pas si lointain, marcher était un mode de locomotion tout à fait normal. Ce n’est plus la cas présentement. L’homme moderne est sédentaire. Il se déplace de toutes les façons inimaginables et très peu, diront certains, en utilisant ses jambes.

Mais on ne marche pas seulement pour se déplacer. En marchant, notre cerveau marche aussi. Et plusieurs, parmi les penseurs les plus éminents, ne s’en sont pas privés : Henry David Thoreau, Walt Whitman, Jean-Jacques Rousseau, Friedrich Wilhelm Nietzsche, Arthur Rimbaud, Ghandhi…

Marcher est un art. Il ne s’agit pas seulement de franchir une distance, de se déplacer d’un point A à un point B. On peut fort bien marcher sans avoir aucune destination en tête. Sans se fixer d’objectif précis.

De nos jours, règle générale, c’est notre chien qui nous mène ou tout simplement l’obligation de se rendre quelque part pour y accomplir quelque chose. Le long du trajet, trop souvent, nous avons les yeux rivés sur notre téléphone. Si nous levons la tête, ce n’est que pour traverser la rue, contourner un obstacle, ou pour lire une affiche publicitaire, indifférent à ce qui peut être véritablement vu ou ressenti.

Il se peut que dans un avenir pas si lointain, nos déplacements soient désormais dictés par des algorithmes. Ou, le cas échéant, le bon vouloir de notre chien. Le meilleur compagnon de l’homme qui, par ailleurs, tout en nous guidant, saura reconnaître une odeur nouvelle et l’apprécier.

Faire preuve de détachement, marcher sans but, se laisser aller à la rêverie, constitue une forme méconnue de liberté, une porte ouverte vers de nouveaux champs de perception et de réflexion.

Il s’agit, à proprement parler, d’une procrastination active, un art de l’attention. L’art, en d’autres mots, de trouver enfin ce que l’on ne cherche pas. En mobilisant tous nos sens, en faisant preuve, tout en marchant, d’ouverture et d’écoute.

Pour Sylvain Tesson pour qui marcher est un mode de vie, une nécessité, la marche est en quelque sorte ontologique, sur le plan personnel et physiologique, mais aussi historique.

Après un accident qui aurait pu le condamner à l’immobilité pour le restant de ses jours, il est parvenu à se redresser et à marcher. La marche a redonné vie au marcheur qu’il a toujours été. En cela, il suit la trace de nos lointains ancêtres qui, à partir d’une savane située dans un coin reculé de la Tanzanie, se sont mis à explorer la planète en marchant. Ce faisant, ils ont interrogé avec leur cerveau tout ce qu’ils ont côtoyé, hommes, êtres, choses, lors de leurs interminables pérégrinations.

« Lorsque la dernière goutte de pétrole suintera » prédit Sylvain Tesson, « il faudra peut-être se reprendre à marcher, comme nos aïeux. »

« Dans les temps de l’après-pétrole » poursuit-il « on redécouvrira la supériorité d’une promenade dans les garrigues sur un séjour aux Seychelles. On s’apercevra que la châtaigne du bois d’en face vaut bien le kiwi australien. L’obésité reculera. On entendra à nouveau sur le pavé des villes ce battement des cannes et des bâtons marquant la cadence. Les gouvernements n’auront plus besoin de nous matraquer leurs slogans infantiles : « Bougez plus ! » Les voitures ne brûleront plus à la Saint-Sylvestre et l’on sciera les feux rouges sur les routes déshabillées d’asphalte. »

« Rêver, n’est-ce pas le propre du marcheur ? » finit-il par affirmer.

Mais qu’est-ce le rêve, sinon le prélude à toute réalité ? Celui qui prétendrait le contraire nierait l’existence de l’étrange matière qui se situe entre nos deux oreilles. Matière de laquelle sortent les idées nouvelles qui prennent forme, et dans laquelle entrent les perceptions qui en font surgir de nouvelles.

Rappelons-nous que tout est toujours créé deux fois. Une première par la pensée, une deuxième dans la réalité.

Que diriez-vous d’améliorer la santé de votre cerveau et d’augmenter votre quotient positif en marchant ?

Envie de tenter l’expérience ?

Marcher en conscience

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