⭕️ Difficultés à visualiser ?

Une personnes atteinte d’aphantasie est incapable de se représenter mentalement une image. En l’absence de mémoire visuelle, de quelle façon cette personnes pourrait-elle construire sa mémoire autobiographique ?

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Qu’est-ce que la mémoire autobiographique ?

La mémoire autobiographique* est la somme de notre passé personnel. Elle recoupe plusieurs éléments interconnectés (images, sensations, émotions) liées aux événements importants de notre vie.

La mémoire autobiographique occupe une place centrale dans l’édification du moi. Comment cette construction, car il s’agit bien d’une construction, opère-t-elle ?

Le moi ou le self, est constitué de deux composantes : un moi conceptuel (les images que nous avons de nous-mêmes ainsi que les croyances que nous nous sommes construites et qui nous définissent) et un moi de contrôle, ou le self exécutif.

Le moi de contrôle est un dispositif dynamique d’évaluation et de filtrage qui vérifie constamment l’adéquation entre nos souvenirs autobiographiques, nos croyances et nos buts personnels.

Le moi de contrôle vérifie si nos souvenirs autobiographiques correspondent aux événements tels que nous les avons vécus.

Le moi conceptuel s’élabore et évolue en se basant sur un ensemble de données de spécificité croissante :

- Une esquisse générale de ce que nous considérons comme étant notre vie.

- Les thèmes majeurs et les périodes clés de notre existence.

- Enfin des événements spécifiques marquants.

La mémoire autobiographique joue un rôle déterminant dans la construction de notre identité et dans sa continuité.

Certaines pathologies, telles que la schizophrénie ou la dépression, sont associées à des troubles de la mémoire autobiographique.  

Les schizophrènes, par exemple, peinent à se rappeler leurs souvenirs et ceux-ci sont peu détaillés. De plus, ils éprouvent de la difficulté à se projeter dans le futur et à développer des projets concrets.
 
Sur le plan de l’imagerie mentale, nous ne sommes pas tous sur le même pied. Même si l’on exclut les pathologies que constituent la schizophrénie et la dépression, les variations individuelles sont importantes.

Qu’est-ce l’aphantasie ?

Comment ceux qui sont atteints d’aphantasie, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas en mesure de se représenter mentalement une image, construisent-ils leur mémoire autobiographique ?

Des études récentes** suggèrent que l’aphantasie, bien qu’elle implique une déficience sensorielle, n’implique pas pour autant que les individus qui en sont atteints souffrent de troubles de méta-cognition. L’aphantasie n’aurait pas d’impact sur la capacité qu’a un individu à avoir une activité mentale sur ses pensées.  

Un exemple étonnant

Un témoignage *** livré par une patiente atteinte d’aphantasia tente d’expliquer ce phénomène.

À l’âge de 7 ans, Mia Tomova, regardait le premier film d’Harry Potter, en compagnie d’une copine. Celle-ci, une fan invétérée des romans de J.K. Rowlings, manifesta soudainement son mécontentement. Elle jugeait que les personnages du film ne correspondaient pas à ce qu’elle avait imaginé. Mia ne parvenait pas à comprendre ce que sa copine lui disait. Pour Mia, mentalement, aucune image n’était associée aux personnages. Selon les termes de Mia, il ne s’agissait que de concepts.

Ce n’est qu’à l’âge de 23 ans que Mia réalisa qu’elle était atteinte d’aphantasie.

Lorsque Mia dessine, par exemple, elle peut reproduire un objet qui est en face d’elle, mais si elle doit avoir recours exclusivement à son imagination visuelle, de son aveu même, les résultats sont désastreux.

Pourtant, la déficience de Mia, ou devrait-on dire plutôt la différence, ne semble pas l’handicaper outre mesure. Mia poursuit des études doctorales en biologie. Lorsque l’imagination visuelle lui fait défaut, elle compense en apprenant par répétition ou en réalisant physiquement une tâche donnée, sans avoir recours à des images mentales.

Mia avoue qu’elle aurait bien voulu posséder l’imagerie mentale qui lui aurait permis de se remémorer des souvenirs agréables de vacances au bord de la mer ou lorsqu’elle a pris pour la première fois sa fille dans ses bras. Elle doit, pour ce faire, avoir recours à des photos.

Avec une certain sens de l’humour, elle ajoute toutefois, que sa « différence » lui évite de s’en faire inutilement lorsque les peurs de ceux qui ne souffrent pas d’aphantasie les saisissent et les assaillent d’images angoissantes.

Nous ne sommes pas tous sur le même pied en ce qui concerne notre capacité à nous représenter mentalement des images. Certains parviennent à reconstruire mentalement l’image d’un ami avec une grande précision alors que d’autres se contentent de les décrire à grands traits seulement.

Les mots ne peuvent pas se substituer à l’image, mais le cerveau est capable de compenser certaines déficiences en développant différentes stratégies qui mettent de l’avant d’autres talents.

Il semblerait en effet, bien qu’il n’ait pas encore d’études à ce jour permettant de le démontrer, qu’un bon nombre de scientifiques seraient atteints d’aphantasie. À défaut d’imagination visuelle, ils mettent à profit leur imagination conceptuelle.

Se pourrait-il, après tout, qu’une image ne vaille pas 1000 mots ?

Ce qui est importe, c’est de créer ce que vous souhaitez avec des images, si ce ne sont les vôtres, n’hésitez pas à utiliser des photos ou même des sons. Visualisez est une formidable façon de stimuler sa créativité.

Envie de tenter l’expérience ?

Découvrez l’exercice No. 67

Visualisez !

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Références

* La mémoire autobiographique
** Études récentes
*** témoignage

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