đŸ”»La psychologie au secours de la mythologie

Les dieux se sont endormis depuis belle lurette.

Du moins c’est ce que l’on croit gĂ©nĂ©ralement. Merlin, le prophĂšte magicien des lĂ©gendes arthuriennes, s’est Ă©clipsĂ©. La fĂ©e Viviane lui a jetĂ© un sort et l’a enfermĂ© dans une prison de glace. Mais Merlin n’est pas mort pour autant.

đŸ”»La psychologie au secours de la mythologie Sylvie Gendreau, fondatrice du laboratoire crĂ©atif, des Cahiers de l’imaginaire et de La Nouvelle École de CrĂ©ativitĂ©.

đŸ”»La psychologie au secours de la mythologie Sylvie Gendreau, fondatrice du laboratoire crĂ©atif, des Cahiers de l’imaginaire et de La Nouvelle École de CrĂ©ativitĂ©.

La fin des légendes ?

La mythologie, les légendes ont quitté la scÚne, balayées par la raison. Mais elles ont été remplacées par des interprétations psychologiques de la réalité. Et, si on y regarde de prÚs, ces interprétations jouent un rÎle analogue à celui des mythes.

Les mythes ne sont pas seulement un ramassis de rumeurs, d’évĂ©nements invĂ©rifiables, qui n’ont pas de prise sur la rĂ©alitĂ©. Les mythes sont des ensembles de croyances qui reposent sur des pratiques, des rituels qui, pris dans leur ensemble, rĂ©pondent Ă  notre soif insatiable de vouloir tout expliquer. Mircea Eliade affirmait que les mythes ne disparaissent pas, ils ne font que changer d’aspect.

La culture occidentale a d’ailleurs dĂ©veloppĂ© un goĂ»t marquĂ© pour la mythologie. Le hĂ©ros, par exemple, y occupe une place centrale.

De nos jours, les portails pour pĂ©nĂ©trer dans le monde mythologique moderne sont les romans, les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es, les jeux vidĂ©o, les bandes dessinĂ©es, mais aussi le thĂ©Ăątre consumĂ©riste qui affiche les images paradisiaques de vacances de rĂȘves, de la retraite Ă  50 ans, des runnings qui feront de vous des athlĂštes.

Le petit nouveau

RĂ©cemment, un nouveau portail est apparu : les rĂ©seaux sociaux. Ils ont permis la diffusion de rĂ©cits individuels, hautement romancĂ©s, pas toujours conformes Ă  la rĂ©alitĂ© : une quĂȘte personnelle sur fond de performance physique ou d’exploit sportif, le retour vers la terre de ses ancĂȘtres. Autant de pistes Ă  saveur mythologique dans lesquelles des individus incarnent un hĂ©ros Ă  la recherche d’un espace intĂ©rieur, une aventure oĂč la foi et la recherche de sens jouent un rĂŽle primordial.

Quand la psychologie se substitue Ă  la mythologie.

C’est la psychologie qui rĂ©pond en quelque sorte Ă  notre besoin de trouver un sens et une valeur Ă  ce que nous vivons. Le recours au biais psychologique se fait par l’entremise des rituels (livres et cours de dĂ©veloppement personnel, tests de personnalitĂ©, etc.) des façons de revivre les mythes de la quĂȘte d’identitĂ©.

Notre besoin de mythes et de ses substituts psychologiques repose sur des croyances. Croire est l'élément clé, voire indispensable, pour consolider notre systÚme de valeurs et donner un sens à nos actes.

Dans des sociĂ©tĂ©s qui, rĂšgle gĂ©nĂ©rale, sont de moins en moins assujetties Ă  des dogmes religieux, choisir un systĂšme de croyances s’avĂšre difficile. Il faut faire le tri parmi ce qui peut sembler parfois un fouillis inextricable de science et de superstitions.

Croire est un mode opĂ©ratoire basĂ© sur des Ă©motions. Nous croyons ou voulons croire, par exemple, pour apaiser nos doutes, et ainsi diminuer notre anxiĂ©tĂ© et notre sentiment d’insĂ©curitĂ©. Face Ă  une incertitude, il nous arrive de louvoyer. Nous Ă©vitons de conclure trop rapidement, nous voulons vĂ©rifier, corroborer. Mais avec cette perplexitĂ© s’installe le doute, et donne lieu Ă  des bouffĂ©es Ă©motionnelles. Cette perplexitĂ© retarde le moment libĂ©rateur qui consiste Ă  dĂ©clarer que quelque chose est vrai.

Le but d'une croyance n’est pas d’obtenir une rĂ©ponse prĂ©cise. Une des principales faiblesses humaines consiste Ă  fonder les croyances sur des Ă©motions. Les progrĂšs rĂ©cents des neurosciences ont montrĂ© Ă  quel point les techniques modernes de marketing ont su s’emparer de ces Ă©motions (peur, espoir, prĂ©jugĂ©s) pour mousser les ventes d’un produit. En fait, devant un choix qui s’avĂšre trop difficile, ce sont les Ă©motions qui l’emportent, pas la raison.

Si les croyances dictent nos comportements, le fait d’en ĂȘtre conscient devrait nous inciter Ă  en faire bon usage. ConnaĂźtre et consolider notre corpus de croyances, par la rĂ©pĂ©tition et la pratique de rituels quotidiens, peut contribuer Ă  nous faire Ă©voluer, Ă  amĂ©liorer notre qualitĂ© de vie et Ă  rĂ©aliser nos projets avec plus de sĂ©rĂ©nitĂ©.

Envie de tenter l’expĂ©rience ?

DĂ©couvrez l’exercice No. 174

Chanter libĂšre et procure de la joie


Référence

Gabriel, Rami. Myth and the mind. Aeon, 2021.

Précédent
Précédent

♟ MĂ©diter, crĂ©er et jouer

Suivant
Suivant

🟡 Une journĂ©e dans la vie d’Angelina