L’entretien du moi đŸ”»

Je sais, parfois j'enfonce le clou.

Je trouve important de se rappeler qu'il existe des solutions simples, qui coûtent peu, pour prendre soin de soi et de ceux qu'on aime. De petites habitudes qui peuvent changer une vie !

Photo : Natham Dumlao, L’entretien du moi par Sylvie Gendreau

Photo : Natham Dumlao, L’entretien du moi par Sylvie Gendreau

Pourquoi les problĂšmes de santĂ© mentale ne cessent d’augmenter ?

Les problÚmes de santé mentale ne cessent d'augmenter dans notre société, et il semblerait que des personnes de plus en plus jeunes sont concernées. Des adolescents développent une addiction à de lourds psychotropes qui font basculer leur vie à tout jamais.

Comment, chacun d'entre nous, peut-il lutter contre ce flĂ©au  ? 

Des habitudes de vie saines: le sommeil, l'alimentation, le sport, la pratique de la méditation pour garder le stress à distance autant que possible. Mais aussi des auto-analyses de qui nous sommes !

Qu’est-ce qui constitue notre identitĂ© ?

Le corps comme tel, en tant qu’entitĂ© biologique, n’est pas en mesure de nous fournir une rĂ©ponse suffisante, puisque nos cellules sont constamment renouvelĂ©es. Si notre corps ne constitue pas, Ă  lui seul, les fondements de notre moi, vers qui ou vers quoi se tourner ?

Qu’est-ce que le moi ?

Le moi, selon  le professeur de neurologie, neurosciences et de psychologie Damasio, est difficile Ă  cerner. En tant que construction neuronale, le moi correspond Ă  une reprĂ©sentation composite de ce que notre cerveau perçoit de notre corps. Toujours selon Damasio, cette perception est reflĂ©tĂ©e dans des cartes somatiques Ă  l’intĂ©rieur de notre systĂšme nerveux central. Une partie des signaux externes qui sont Ă  l’origine de ces cartes sont ensuite modifiĂ©s par nos Ă©motions. Une autre partie, les signaux internes, sont issus de stimulations internes en provenance d’autres rĂ©gions du systĂšme nerveux.

Paul Audi, philosophe, interviewĂ© par Étienne Klein, interprĂšte le moi de maniĂšre diffĂ©rente et se positionne plutĂŽt dans une problĂ©matique affective.

Et s’il s’agissait d’une problĂ©matique affective ?

Selon Audi, la crĂ©ation et la subjectivitĂ© sont Ă  la base de la dĂ©finition de l’humain. Le soi et le moi constituent un tandem dynamique, une polaritĂ© qui est constamment Ă  l’oeuvre. Le soi renvoie Ă  l’individu, Ă  sa distinction, Ă  la conscience qu’il a de lui-mĂȘme. Il n’y a pas de Moi sans la dictĂ©e d’un Soi.

Il n'y a pas d'Ă©moi sans corps.

Audi va plus loin en rappelant qu’il n’y a pas d’émoi sans corps. Le corps trouve son unitĂ© dans ce qui s’éprouve soi-mĂȘme. Mais alors comment le moi se transporte-t-il Ă  travers le temps ?

Le moi trouve son identitĂ© dans un effort de comparaison entre ce qu’il est et ce qu’il pense avoir Ă©tĂ©. Par consĂ©quent, le moi est le  fruit d’une histoire, mais c’est une histoire trĂšs particuliĂšre : une sĂ©rie ininterrompue d’auto-transformations des affects les uns dans les autres.

Les maillons d’une toile qui fabrique le moi

Afin de cerner ce qui constitue vĂ©ritablement le moi, il faut sans cesse chercher les traces de ces transformations dans une narration, dans un rĂ©cit. Et c’est vers les Ă©preuves qu’il faut se tourner pour apprĂ©hender les maillons d’une toile qui est la fabrique du moi.

Un chercheur australien, James Allebone* s’est penchĂ© derniĂšrement sur l’impact des crises chroniques d’épilepsie sur la perception qu’a un individu de son moi. Les rĂ©sultats confirment ce dont les Ă©pileptiques se plaignent : pendant et aprĂšs les pĂ©riodes de crise, des troubles de dĂ©personnalisation, de dissociation et de modifications de leur personnalitĂ© se manifestent. Pendant l’adolescence en particulier, des crises frĂ©quentes sont associĂ©es au dĂ©veloppement de traits de la personnalitĂ© nĂ©vrotique. Les crises peuvent provoquer des altĂ©rations sĂ©vĂšres dans le processus de la construction du moi.

Une déficience de la mémoire autobiographique

Allebone souligne qu’il en est de mĂȘme lorsqu’un individu prĂ©sente une dĂ©ficience de mĂ©moire autobiographique.

La mĂ©moire autobiographique est un sous-ensemble de la mĂ©moire Ă©pisodique. Ce sont des mĂ©moires essentielles Ă  la construction du moi car elle contribue Ă  façonner l’histoire personnelle d’un individu. Les souvenirs y sont crĂ©Ă©s de maniĂšre automatique, mĂȘme s’ils peuvent ĂȘtre ultĂ©rieurement modifiĂ©s par le raisonnement ou amplifiĂ©s par l’ajout de quantitĂ©s d’informations supplĂ©mentaires. Les perturbations de ces mĂ©moires chamboulent elles aussi l’architecture du moi et peuvent la compromettre.

Au cours de l’entretien (Audi - Klein), une citation de Beckett vient renforcer l’image insaisissable et louvoyante du moi :

« L’individu est une succession d’individus. »
Beckett

Sans Ă©preuves pas de moi !

DerriĂšre le coups de vent. Pexels. L’entretien du « MOi » par Sylvie Gendreau

DerriĂšre le coups de vent. Pexels. L’entretien du « MOi » par Sylvie Gendreau

Le parcours dont il importe de retracer l’histoire est d’abord et avant tout une succession d’épreuves. Dans un carnet du moi, il faut sans cesse se poser la question : Ă  partir de qui nous sommes-nous transformĂ©s ? Nous devons nous poser cette question Ă  chaque Ă©tape cruciale de notre vie.

Ce qui nous dĂ©signe est aussi ce qui nous assigne. Par consĂ©quent, pour devenir pleinement soi-mĂȘme, il ne faut non pas tuer le pĂšre, rappelle Audi, mais tuer le fils qui rĂ©side en soi et auquel on s’identifie toujours. Pour se libĂ©rer, quoi que nous fassions, il faut refuser parfois les rĂŽles qu’on nous assigne.

Ainsi se dessinent les lignes de force qui agissent constamment en nous. Nous butons sur nous-mĂȘmes. Et une tension trĂšs forte se crĂ©e entre l’acceptation et la nĂ©gation de soi. Il se forme ainsi, en nous, un plan invisible, un thĂ©Ăątre dans lequel se disputent ce que nous rĂ©pudions et ce que nous voulons ĂȘtre.

D’oĂč l’importance de suivre ce combat Ă  la trace, car il incarne le vĂ©ritable moi, le moi historique, ballottĂ© par d’incessants coups de vent. L’autobiographie doit ĂȘtre constamment rĂ©Ă©crite.

Une étude japonaise** a récemment été menée au Japon auprÚs de plus de 200 participants.

Les participants devaient se rappeler des souvenirs autobiographiques et leur assigner une cote en fonction de diffĂ©rents paramĂštres : clartĂ© et vivacitĂ© des souvenirs rĂ©pertoriĂ©s, le degrĂ© d’importance que les participants eux-mĂȘmes leur attribuaient, ainsi que la mesure selon laquelle les Ă©vĂ©nements rappelĂ©s occupaient une place prĂ©pondĂ©rante dans leur vie quotidienne.

Les participants ont ensuite Ă©tĂ© divisĂ©s en deux groupes selon l’importance accordĂ©e Ă  leurs souvenirs autobiographiques.

Ceux qui ont notĂ© leurs souvenirs autobiographiques avec les niveaux d’importance les plus Ă©levĂ©s sont ceux qui ont obtenu les scores les plus Ă©levĂ©s dans les tests d’identitĂ© (Identity Scale : sĂ©rie de questions visant Ă  cerner les diffĂ©rents aspects de l’identitĂ© d’un individu). Chez eux, le moi, leur identitĂ©, est plus structurĂ©, plus affirmĂ© que chez les autres participants. De plus, leurs souvenirs sont plus vivaces, plus dĂ©taillĂ©s. Surtout, ces souvenirs sont plus souvent associĂ©s (par rapport au groupe de contrĂŽle) Ă  des actions structurantes, des rĂ©alisations positives.

Le chercheur conclut sur l’importance de l’autobiographie pour façonner le moi et le consolider.  Pour ma part, je soulignerais Ă©galement son importance pour dĂ©velopper sa crĂ©ativitĂ©.

C’est le travail que nous faisons ensemble dans le programme en ligne Ma vie telle que je l’imagine.

Envie de tenter l’expĂ©rience ?

Faites l’exercice No. 72

À votre carnet du MOI

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Références :
*Étude du chercheur australien, James Allebone
**Une Ă©tude japonaise

Merci Ă  notre relecteur, Alain Liban www.france-relecture.fr

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