Les 5 types du syndrome de l’imposteur ⭕️

Que faire lorsque douter de soi devient maladif ?

Dans nos sociétés, nous sommes constamment jugés et évalués. Nous devons passer des examens, des concours, des bilans de performance.

Révisé 7 juillet 2020

Sculpture de Jaume Plensa Les 5 types du syndrome de l’imposteur par Sylvie Gendreau

Sculpture de Jaume Plensa Les 5 types du syndrome de l’imposteur par Sylvie Gendreau

Notre réussite repose souvent sur ces évaluations qui ne nous rendent pas toujours justice et créent parfois beaucoup de stress et de compétitions inutiles. Devenir plus habiles à passer des concours, nous rend-il plus intelligents ? Cela nous aide à développer des mécanismes d'adaptation, mais encourage peu le développement d'une intelligence créatrice. Dans sa conférence (portant le titre de son livre), La fabrique des imposteurs et la toute puissance du pervers narcissique, à l'Université de Nantes en 2014, Roland Gori* professeur émérite de Psychopathologie clinique à l'Université d'Aix Marseille, psychanalyste membre d'Espace analytique, nous fait réfléchir aux systèmes érigés dans nos sociétés qui font de nous tous, en quelque sorte, des imposteurs.

L'exercice auquel il nous convie est un exercice pour stimuler notre capacité non pas de nous adapter, mais de créer. Il reprend le point de vue d'Albert Camus, dans La Chute : « Il n'y a que l'art qui peut peut-être nous sauver de l'imposture. »

En d'autres mots, nous adapter voudrait dire jouer constamment des rôles pour répondre aux attentes de l'autre.

Mais que peut-on faire d'autre pour survivre dans une société du spectacle où ce qui importe est la valeur perçue par les autres ? « Chaque société a les imposteurs qu'elle mérite », dit encore Roland Gori. « L'imposteur est le miroir de la société. Le reflet de nos valeurs. »

Lorsque nous nous offusquons des grands scandales comme, par exemple, un ministre du budget en France qui a fraudé ou une ministre de la recherche en Allemagne à qui on a retiré son doctorat à cause de plagiat, Roland Gori explique :

« Cette imposture, elle n'est rien d'autre, d'une certaine manière, qu'un élément grossi d'une imposture ordinaire qui est de répondre à une commande sociale lorsqu'il ne vous ait pas demandé de réfléchir, il ne vous ait pas demandé de créer, il ne vous ait pas demandé d'innover, il vous ait demandé essentiellement de vous adapter [...] finalement dans la société d'adaptation qui est la nôtre, l'imposteur est comme un poisson dans l'eau, »

Ce monde de la mesure poussé à l’extrême, valorisant la comparaison entre les uns et les autres, a basculé dans la démesure.

C’est d’ailleurs ce qui est à l’origine des programmes comme celui de Seth Godin, AltMBA qui s’oppose farouchement aux écoles qui reposent sur les notes et ce genre d’évaluations. Pour lui, les formations de MBA traditionnelles sont révolues. Ce qui est assez amusant pour un expert en marketing qui a une formation en comptabilité et qui est passé par les écoles qu’il dénonce.

Au sein de notre club de leaders créatifs, Skillability, à la Nouvelle École de Créativité, ramener l’humain au cœur des organisations est un souhait partagé par plusieurs. Combien de jeunes ingénieurs et professionnels déchantent après quelques années au sein d’un grand groupe ?

Cela explique également l’énorme besoin de développer ses compétences psychosociales.

En déshumanisant les entreprises, nous avons contribué à faire croître les troubles d’anxiété et de dépression… dont le syndrome de l’imposteur fait partie.

Nous avons basculé dans une société qui repose sur les apparences et l’image parfaite que les autres doivent avoir de nous, ce qui encourage des comportements, souvent calculés, pour éviter de nuire à son image.

Nous avons imaginé qu’une vie humaine pouvait se contrôler comme celle d’une machine. Mais le système humain finit par exploser lorsqu’on le brime trop souvent et trop longtemps. La vulnérabilité humaine permet de développer nos capacités de penser et notre créativité.

Que faire, en tant qu’acteur et co-créateur de cette société, si on souffre du syndrome de l’imposteur ? Comment le prévenir et empêcher que cela dégénère à un point de non retour.

L’experte, le Dr. Valerie Young**, a divisé le syndrome en sous-groupes **: le perfectionniste, la super woman ou superman, le génie naturel, le soliste et l’expert. Dans son ouvrage, The Secret Thoughts of Successful Women: Why Capable People Suffer From the Imposter Syndrome and How to Thrive in Spite of It, le Dr Young démonte les constructions qu’elle a observées après des décennies de recherche où elle a étudié les sentiments frauduleux ressentis par les personnes hautement performantes.

Selon le Dr Young, il existe cinq variantes du syndrome de l’imposteur.

1. Le perfectionniste

Le perfectionniste se fixe des objectifs exigeants et s’il ne parvient pas à les réaliser, il aura alors tendance à douter de lui-même. Le perfectionniste désire tout contrôler et considère que, pour qu’une tâche soit accomplie correctement, la meilleure façon est de la réaliser lui-même.

Souffrez-vous de perfectionnisme ?

Posez-vous les questions suivantes :

  • Vous reproche-t-on parfois de faire du micro-management ?

  • Avez-vous de la difficulté à déléguer ?

  • Si vous ne parvenez pas à atteindre les objectifs que vous vous êtes fixés, est-ce que vous avez tendance à vous répéter sans cesse que vous n’êtes pas fait pour ce travail?

  • Avez-vous l’impression que ce que vous faites doit être accompli à la perfection, et ce, quelque soit la tâche ?

2. Êtes-vous une superwoman ou un superman ?

Madame Superwoman et monsieur Superman travaillent énormément. Ils aiment se mettent à l’épreuve. Ils cherchent à se surpasser. Mais en réalité, cette façade camoufle des insécurités. Le fait de sans cesse travailler a des répercussions néfastes sur leur santé et nuit à la qualité de leurs relations.

Est-ce que vous vous classez dans cette catégorie ?

Pour en avoir le coeur net, répondez à ces questions :

  • Est-ce que vous êtes parmi ceux qui restent très tard au bureau, longtemps après que les membres de votre équipe soient rentrés chez eux ?

  • Dans vos moments de loisirs, vous sentez-vous stressé ? Considérez-vous comme perdues les heures que vous consacrez à vous détendre ?

  • Avez-vous sacrifié vos passe-temps et passions au point de ne plus jamais vous y adonner ?

  • Avez-vous l’impression que les diplômes que vous avez, pourtant durement et légitimement acquis, ne vous sont pas dus ?

3. Une intelligence innée

Dans cette catégorie se trouvent ceux qui considèrent que leurs habiletés sont innées. Que leurs compétences ne sont pas le fruit de leurs efforts. À telle enseigne, que s’ils consacrent trop de temps pour maîtriser un nouveau savoir, ils se sentent coupables. Tout comme les perfectionnistes, ils se fixent des objectifs très exigeants, mais contrairement aux perfectionnistes, ils considèrent qu’ils doivent y parvenir du premier coup.

Posez-vous les questions suivantes pour vérifier si c’est bien vous :

  • Avez-vous l’habitude d’obtenir des scores très élevés ?

  • Lorsque vous étiez enfant, est-ce que vous vous considériez comme le plus futé de la classe ?

  • Est-ce que l’idée même d’avoir un mentor ou un coach vous rebute ?

  • Face à une difficulté, est-ce que vous perdez confiance parce que la possibilité de ne pas être à la hauteur provoque en vous un sentiment de honte ?

4. Le soliste

Vous savez vous débrouiller sans l’aide de quiconque. Faire preuve d’autonomie est louable, mais jusqu’à refuser une aide qui pourrait s’avérer profitable au seul prétexte que vous devez à tout prix démontrer ce dont vous êtes capable.

Avez-vous tendance à vouloir tout accomplir par vous-même ?

Lorsque vous avez besoin de recourir à une aide extérieure, au lieu de mettre de l’avant vos propres lacunes, vous invoquez plutôt les exigences du projet auquel vous participez.

5. L’expert

L’expert désire toujours en savoir plus. Il est toujours sur ses gardes, craignant qu’une donnée lui échappe et qu’on le considère alors comme inexpérimenté ou incompétent.

  • Est-ce que le fait de ne pas « tout connaître » vous empêche de postuler pour un emploi ?

  • Est-ce vous collectionnez les diplômes ?

  • Est-ce que vous avez l’impression de ne jamais en savoir assez ?

  • Est-ce que la fait que l’on dise de vous que vous êtes un expert vous met aussitôt mal à l’aise ?

Selon la variante qui vous correspond, découvrez quelques astuces pour vous aider à surmonter le problème dans l’exercice qui accompagne cet article.

Envie de tenter l’expérience ?

Découvrez l’exercice 135

Se libérer du syndrome de l’imposteur

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