Lire pour guĂ©rir đŸ”»

L'Ɠuvre de Proust l’a accompagnĂ© tout au long de son adolescence.

« Pour une grande part, la souffrance est une sorte de besoin de l’organisme de prendre conscience d’un Ă©tat nouveau qui l’inquiĂšte, de rendre la sensibilitĂ© adĂ©quate Ă  cet Ă©tat. »

—Proust

La culture, la littĂ©rature en l’occurence, et les histoires qu’elle nous raconte, façonnent notre mĂ©moire, Ă  l’instar du rĂ©el. Elle nous aide Ă  nous construire, nous sert ensuite de rĂ©fĂ©rence dans les moments charniĂšres de notre existence.

Dans un entretien d’Alain Finkielkraut avec Philippe Lançon et Antoine Compagnon*, P, l’une des victimes de l’attentat de Charlie Hebdo, explique comment la lecture a Ă©tĂ© pour lui un remĂšde.

À l’hĂŽpital, durant son long et Ă©prouvant sĂ©jour, il a dĂ©cidĂ© de consacrer son temps Ă  la lecture et Ă  la relecture d’un Ă©pisode de la mort de la grand-mĂšre dans le troisiĂšme tome de La Recherche du temps perdu, Le CĂŽtĂ© de Guermantes de Marcel Proust.

L'oeuvre de Proust, tout d’abord, l’a accompagnĂ© tout au long de son adolescence. ConstituĂ© Ă  la fois de tragique, de comique et de tendresse, le passage qui dĂ©crit la mort de la grand-mĂšre du narrateur crĂ©ait en quelque sorte un effet miroir sur ce qu’il Ă©tait lui-mĂȘme en train de vivre Ă  l’hĂŽpital.

Une mise en perspective qui aide Ă  vivre

La lecture de Proust le consolait et en mĂȘme temps, en dĂ©pit ou en raison mĂȘme de sa duretĂ©, le renseignait sur la connaissance profonde de la maladie dĂ©crite dans le passage en question.

Philippe Lançon cite le passage suivant :

« Pour une grande part, la souffrance est une sorte de besoin de l’organisme de prendre conscience d’un Ă©tat nouveau qui l’inquiĂšte, de rendre la sensibilitĂ© adĂ©quate Ă  cet Ă©tat. »

Ces sensations fĂ©roces obligent le malade Ă  considĂ©rer sa situation de l’extĂ©rieur, afin de pouvoir comprendre ce qu’il Ă©tait en train de vivre.

L’agonie de la grand-mĂšre de Proust est racontĂ©e de maniĂšre clinique. Mais il y a plus que cela. Un an aprĂšs son dĂ©cĂšs, Proust, Ă  l’hĂŽtel de Balbec, est soudainement assailli par le souvenir de sa grand-mĂšre qui avait frĂ©quentĂ© ce lieu :

« Ma poitrine s'enfla, remplie d'une prĂ©sence inconnue, divine, des sanglots me secouĂšrent, des larmes ruisselĂšrent de mes yeux. L'ĂȘtre qui venait Ă  mon secours, qui me sauvait de la sĂ©cheresse de l'Ăąme, c'Ă©tait celui qui, plusieurs annĂ©es auparavant, dans un moment de dĂ©tresse et de solitude identique, dans un moment oĂč je n'avais plus rien de moi, Ă©tait entrĂ©, et qui m'avait rendu Ă  moi-mĂȘme. » 

Le cas de Philippe Lançon est un cas extrĂȘme. D’autres exemples moins saisissants illustrent l’importance du rĂ©cit Ă©crit, comme le rĂ©sume Guy de Maupassant :

« Car c'est par l'écriture toujours qu'on pénÚtre le mieux les gens. La parole éblouit et trompe, parce qu'elle est mimée par le visage, parce qu'on la voit sortir des lÚvres, et que les lÚvres plaisent et que les yeux séduisent. Mais que les mots noirs sur le papier blanc, c'est l'ùme toute nue. »

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Gestion des Ă©motions

Les contes, par exemple, peuvent aider les enfants à surmonter leur anxiété.**

Une Ă©tude a Ă©tĂ© menĂ©e au Canada auprĂšs d’enfants ĂągĂ©s de 9 Ă  12 ans souffrant de troubles d’anxiĂ©tĂ©. L’originalitĂ© de l’étude tient au fait qu’elle tire parti de livres d’histoires qui n’ont pas Ă©tĂ© spĂ©cifiquement conçus Ă  cet effet. Il s’agit des livres de la collection « Dominique » des Ă©ditions du BorĂ©al.

Chaque atelier comprend la lecture d’une histoire dĂ©crivant de jeunes personnages qui dĂ©veloppent des stratĂ©gies pour gĂ©rer plus efficacement des situations de stress.

Les rĂ©sultats de l’étude notent une amĂ©lioration significative des aptitudes des enfants Ă  faire face aux situations gĂ©nĂ©ratrices de stress, une diminution des symptĂŽmes de peur et d’anxiĂ©tĂ© et une reconnaissance par les enfants eux-mĂȘmes de cette efficacitĂ©. Plus encourageant encore, ces bĂ©nĂ©fices se sont maintenus tout au long de la pĂ©riode de suivi qui a durĂ© neuf mois.

Ce projet vise Ă  dĂ©velopper de nouvelles approches de prĂ©vention, car un nombre important d’enfants (de 2 Ă  8 %) souffrent d’anxiĂ©tĂ©. Un enfant anxieux Ă©prouvera plus de difficultĂ©s dans ses relations, aura tendance Ă  s’isoler et risquera de se sentir rejetĂ© par ses camarades.

Les livres peuvent ĂȘtre des outils pour aider les enfants Ă  mieux contrĂŽler leurs Ă©motions et Ă  gĂ©rer des situations anxiogĂšnes en s’identifiant aux personnages des histoires qui leur sont racontĂ©es. En groupe, dans le cadre d’ateliers de lecture, cet effet peut ĂȘtre dĂ©cuplĂ© lorsque les enfants partagent avec d’autres leurs perceptions et leurs opinions concernant les situations gĂ©nĂ©ratrices de stress.

La combinaison texte-image facilite l’intĂ©gration et l’apprentissage, en particulier lorsque la lecture est rĂ©alisĂ©e dans un environnement rassurant.

Clés pour l'avenir

Nous construisons notre réalité à partir des histoires*** que nous nous racontons ou qui nous sont racontées.

D’ailleurs cette mĂ©thode est trĂšs efficace, je l’utilise dans le programme Ma vie telle que je l’imagine. Nous devrions avoir recours aux histoires non seulement avec les enfants, mais Ă©galement avec les adultes.

En entreprise, cela favoriserait Ă  la fois le bien-ĂȘtre au travail et la crĂ©ativitĂ©. C'est aussi une excellente façon pour apprendre Ă  anticiper l'avenir et prendre de meilleures dĂ©cisions. La lecture aide Ă  faire des liens que nous ne ferions pas autrement.

Il est plus difficile d'entreprendre de nouveaux projets et d'accepter une part de risques dans certains domaines de nos vies si nous n'avons pas un socle de stabilité dans d'autres domaines. Si votre vie familiale est stable, que vous avez une bonne relation avec vos proches, si le clan est soudé, il sera plus facile de tenter une aventure professionnelle, par exemple.

Un enfant anxieux risque de devenir un adulte anxieux qui aura beaucoup plus de mal à mener des projets à terme et à relever de nouveaux défis. Ses peurs risquent de le tétaniser, de l'enfermer dans une vie qui le maintiendra en deçà de son potentiel. Son anxiété réduira sa tolérance aux risques.

Consciemment ou non, individuellement ou en groupe, nous tissons une toile complexe de correspondances entre des situations réelles et fictives afin de comprendre le monde qui nous entoure.

L'exercice de cette semaine, vous propose de vous inspirer de ces pratiques pour rĂ©soudre un problĂšme. DĂ©couvrez l’exercice ci-dessous, si vous souhaitez rĂ©inventer vos sĂ©ances de brainstorming pour trouver de nouvelles idĂ©es ingĂ©nieuses que vous n'auriez pas trouvĂ© autrement.

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Références

*Dans un entretien d’Alain Finkielkraut avec Philippe Lançon et Antoine Compagnon
**Les contes, par exemple, peuvent aider les enfants à surmonter leur anxiété.
***Nous construisons notre réalité à partir des histoires

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