CONTACT 🔲 OLAFUR ELIASSON

Nous voudrions que certaines expositions durent toujours !

« Regarder des œuvres d'art est une façon de voir l'avenir. »

— Olafur Eliasson

Cela se produit lorsque l'Ă©motion ressentie rejoint la genèse d'une idĂ©e ou d'une pensĂ©e dĂ©jĂ  enfouie en nous. Lorsqu'il y a une connexion au-delĂ  du visible. Avec les Ĺ“uvres d'Olafur Eliasson, cela ne manque jamais de se produire.   

Révisé 6 juillet 2020

Olafur Eliasson, Contact 2014 Photo : Iwan Baan

Olafur Eliasson, Contact 2014 Photo : Iwan Baan

Sa dernière exposition solo Ă  Paris, Contact, le confirmeEn voulant faire entrer l'univers dans une Ĺ“uvre d'art totale, l'artiste dano-islandais nous fait flotter dans l'espace et toucher aux Ă©toiles.

Sa proposition : 
Vous êtes un astéroïde !

Olafur Eliasson sait mieux que quiconque faire vivre d'incroyables expĂ©riences sensorielles. Il l'a fait avec son champ de lave en 2002 au MAM Ă  Paris, avec The Wheather Project (2003) Ă  la Tate Modern de Londres (un Ă©norme cercle jaune iridescent reprĂ©sentant un coucher de soleil dans le Turbine Hall), avec The New York City Waterfalls et Take your time au MOMA (2008), (immense cascade installĂ©e sous le pont de New York) et avec Riverbed au Louisiana Museum de Copenhague (2014) oĂą il a installĂ© une rivière qui traverse un paysage de cailloux et de pierres dans une salle du superbe musĂ©e face Ă  la mer Baltique. Ses installations monumentales et spectaculaires l'ont rendu cĂ©lèbre dans le monde entier, mais l'artiste a la noblesse de rester humble et de mettre sa popularitĂ© au service des plus dĂ©munis avec son projet Little Sun (voir notes en bas de page).

Dans ses yeux, brille toujours cette Ă©tincelle de l'enfant Ă©merveillĂ© face Ă  l'univers.

The New York City Waterfalls Photo : niamhmurray.blogspot.com

The New York City Waterfalls
Photo : niamhmurray.blogspot.com

Avec l'exposition Contact pour la Fondation Louis Vuitton, son entreprise est encore plus audacieuse puisque qu'il tente de faire entrer l'univers — y compris nous tous, le public— dans une Ĺ“uvre d'art totale. La première partie du projet Ă©tait une commande artistique pour une Ĺ“uvre extĂ©rieure, Inside the horizon, pour la Fondation Vuitton, l'impressionnant vaisseau de Frank Gehry, recouvert de douze voiles de verre posĂ© sur un bassin crĂ©Ă© spĂ©cialement pour l'accueillir au milieu d'un Ă©crin de verdure entre le Bois de Boulogne et le Jardin d'acclimatation Ă  Paris.

L'impressionant vaisseau imaginé par Frank Gehry pour la Fondation Louis vuitton

L'impressionant vaisseau imaginé par Frank Gehry pour la Fondation Louis vuitton

En traversant, Inside the horizon, le promeneur a l'impression de suivre un bateau volant oĂą son propre reflet se mĂŞle et participe aux jeux de lumière et de miroirs. Au-dessus des voiles, Olafur Eliasson a crĂ©Ă© un dispositif qui dĂ©tecte le soleil et qui, en fonction de l'heure de la journĂ©e, redirige les rayons vers la sculpture Ă  facettes gĂ©omĂ©triques suspendue au cĹ“ur du bâtiment. Une composition sonore conçue avec le percussionniste Samuli Kosminen ajoute Ă  l'effet surrĂ©el et immersif.

 
OLAFUR ELIASSON DEVANT SON INSTALLATION, INSIDE THE HORIZON.

OLAFUR ELIASSON DEVANT SON INSTALLATION, INSIDE THE HORIZON.

« J'ai choisi d'utiliser des figures gĂ©omĂ©triques simples, rĂ©duisant ainsi mon intervention Ă  des formes basiques qui servent en quelque sorte de « mĂ©tronome gĂ©omĂ©trique » Ă  l'exposition. J'ai Ă©galement crĂ©Ă© un certain nombre de fenĂŞtres sphĂ©riques qui permettent d'entrevoir certaines parties du bâtiment de Gehry. Ce contexte a rendu mon travail absolument passionnant, notamment pour la crĂ©ation de l'Ĺ“uvre Inside the horizon, situĂ©e Ă  l'extĂ©rieur, juste Ă  cĂ´tĂ© du bâtiment, qui constitue tout Ă  la fois un dispositif de rĂ©flexion et de rĂ©fraction de l'architecture de Gehry Â».

C'est lĂ  tout le talent de l'artiste de nous faire ressentir des sensations particulières pour aiguiser nos sens et notre conscience. « Je voulais inviter le public Ă  circuler au sein de l'installation, c'est pourquoi j'ai mis en place une sĂ©rie de quarante-trois colonnes qui divisent la vue sur le bâtiment en une sĂ©quence quasi stroboscopique. » Dans son Ă©change avec les commissaires, Laurence BossĂ© et Hans Ulrich Obrist, il ajoute : Â« Le kalĂ©idoscope nous permet de voir au-delĂ  de l'horizon de nos connaissances. Nous avons tendance Ă  penser que tout ce que nous voyons, tout ce que nous sentons, tout ce que nous pouvons exprimer est Ă  notre portĂ©e et ne dĂ©passe pas le seuil de notre horizon. Mais qu'y a-t-il de l'autre cĂ´tĂ© de cet horizon ? VoilĂ  la question que je souhaiterais aborder ici. »

L'exposition intĂ©rieure Contact interagit avec l'Installation extĂ©rieure portant sur l'InterdĂ©pendance entre toutes choses.

« Penser chaque chose comme Ă©tant connectĂ©es Ă  tout le reste offre la possibilitĂ© de reconsidĂ©rer le système dans lequel nous vivons, un système qui favorise sinon des principes extrĂŞmement individualistes et consumĂ©ristes. Par exemple, la lutte contre le dĂ©règlement climatique est fortement altĂ©rĂ©e par notre incapacitĂ© Ă  nous sentir connectĂ©s Ă  une chose aussi vaste et globale que le climat. Les idĂ©es de connexion et d'interdĂ©pendance sont des outils pour transformer les idĂ©es en actions. De la mĂŞme façon, pour faire de l'art, il faut rĂ©ussir Ă  transformer la rĂ©flexion en rĂ©alisation. Il faut comprendre qu'une idĂ©e d'exposition n'est pas encore de l'art. Elle ne devient art qu'Ă  partir du moment qu'elle est rĂ©alisĂ©e. »

Contact est une promenade symbolique qui nous fait perdre nos repères et stimule notre curiositĂ©. La crĂ©ativitĂ© s'Ă©veille par cette dĂ©ambulation qui alterne, dans un mouvement perpĂ©tuel, entre lumière et obscuritĂ©, reflets et objets, sensations physiques, visuelles et intellectuelles. VoilĂ  pourquoi ses Ĺ“uvres et sa pensĂ©e fascinent. Il a le don de nous faire vivre des expĂ©riences immersives qui bousculent notre perception de la rĂ©alitĂ© pour nous inciter Ă  en esquisser de nouvelles. 

L'expĂ©rience est riche et multiple. Elle commence par le lieu, la nature, le bassin et le bâtiment. On ne peut ĂŞtre indiffĂ©rent au contexte d'un lieu d'exception. Nos sens sont en Ă©veil. Avec l'Ĺ“uvre extĂ©rieure d'Eliasson, on a les effets de reflets de lumière dĂ©multipliĂ©s par les miroirs comme si on longeait une rive enchantĂ©e. On marche comme dans un rĂŞve. Le contraste vient ensuite de l'Ă©blouissement de tant de miroitements et de l'obscuritĂ© qui nous rend soudainement plus vulnĂ©rables, faisant perdre le sentiment de sĂ©curitĂ© et de stabilitĂ©. L'expĂ©rience oblige d'ĂŞtre sur nos gardes, conscients et engagĂ©s dans la trajectoire qui s'offre Ă  nous. 

C'est dans cette nuit noire que se produit le choc d'entrer en 'contact' avec une mĂ©tĂ©orite. 

« Vous pénétrez dans l'exposition à travers un couloir sombre et arrondi. Une série de ces passages courbes relient, comme s'Ils étaient en orbite, les espaces entre eux et avec le reste du bâtiment. La météorite frappe une corde cosmique : le courant inversé de l'eau que l'on peut voir dans la première fenêtre sphérique (Parallax planet, 2014) porte sur l'anti-gravité. D'autres dispositifs optiques se trouvent plus loin. Ils créent une sensation très pure et très simple, comme dans un train de nuit. Un train de nuit kaléidoscopique. »

Olafur Eliasson, Map for unthought thoughts, Photo Iwan Baan

Olafur Eliasson, Map for unthought thoughts, Photo Iwan Baan

Olafur Eliasson - Map for unthought thought 2014 © Fondation Louis Vuitton -Luc Castel

Olafur Eliasson - Map for unthought thought 2014 © Fondation Louis Vuitton -Luc Castel

A la sortie de la pĂ©nombre, on dĂ©couvre l'installation semi-circulaire, Map for unthought thoughts. « En bougeant Ă  travers l'espace, vous rĂ©ussirez Ă  estimer les distances grâce Ă  votre corps et Ă  vos mouvements. » Tout a Ă©tĂ© pensĂ© pour nous donner cette Ă©trange impression de suspension. Nous sommes au centre de l'Ĺ“uvre, notre ombre se dĂ©place dans un demi-cercle qui lui-mĂŞme devient une circonfĂ©rence par le biais d'un miroir. Dans l'application, l'artiste nous invite Ă  nous imaginer un astĂ©roĂŻde. C'est fait !

Puis on entre dans un passage, Double Infinity, dont chacune des deux extrĂ©mitĂ©s comporte des sphères de verre. Le mur est recouvert de papier de verre noir abrasif. « Au premier abord, il semble simplement noir, mais quand vous le touchez, vous vous rendez compte qu'il est rĂŞche. Cela donne l'Impression de passer Ă  travers l'Infini. Le couloir mène Ă  une autre installation, Contact, qui est complètement noire Ă  l'exception d'une simple ligne horizontale lumineuse : vous avez l'impression d'avoir Ă©tĂ© plongĂ© dans l'obscuritĂ© de l'espace et de devenir l'habitant d'un soleil en pleine Ă©clipse. » Le sol bombant contribue, une fois de plus, Ă  une perte d'Ă©quilibre. Dans l'espace suivant, on passe devant (Bridge for the future, 2014) que l'artiste considère comme le trou noir et on dĂ©couvre ensuite Big Bang Fountain dans le dernier espace, symbolisant Ă©nergie et mouvements accĂ©lĂ©rĂ©s Ă  l'instar du monde dans lequel on vit.

« En outre, perché en hauteur à l'extérieur du bâtiment, j'ai installé un héliostat, ou suiveur solaire, que j'ai mis au point dans mon studio à Berlin (World illiminator, 2014). Pendant quelques heures chaque jour, cette machine redirige la lumière du jour dans le bâtiment, dans le « Canyon », où elle illumine Dust particle, un polyèdre complexe en verre. »

L'artiste insiste sur le fait qu'il s'agit d'une sĂ©rie d'Ă©vĂ©nements qui ne doivent pas ĂŞtre pris sĂ©parĂ©ment. « Je souhaite encourager les visiteurs Ă  se considĂ©rer comme des astĂ©roĂŻdes, Ă  se sentir flotter dans l'espace, Ă  la rencontre des Ĺ“uvres d'art, des autres visiteurs, et Ă  les voir voler Ă  cĂ´tĂ© d'eux. Je veux que les visiteurs apprĂ©cient cette sĂ©quence temporelle et essaient de se l'approprier en la faisant ralentir ou accĂ©lĂ©rer peu Ă  peu. Il s'agit de sentir sa propre prĂ©sence, de prendre conscience de sa propre trajectoire, de sa propre orbite, dans sa nouvelle identitĂ© d'astĂ©roĂŻde. »

VoilĂ , c'Ă©taient les pensĂ©es venues du futur et les idĂ©es encore informulĂ©es proposĂ©es par Olafur Eliasson. Il engage le regardeur dans une conversation et une expĂ©rience immersive qui stimule notre crĂ©ativitĂ©. On le suit de près et on attend son prochain pĂ©riple avec impatience.

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