Pratiquer l’art de l’immobilisme pour mieux créer 💡avec Leonard Cohen

Savez-vous vous immobiliser quelques minutes ?

Dans ce monde qui va vite, on accélère le pas, les gestes et la pensée pour suivre la cadence. On accomplit plusieurs choses à la fois. Internet nous stimule. Nous sommes connectés au monde entier. Nous apprenons à développer de nouvelles compétences pour nous adapter aux nouveaux usages qui évoluent de plus en plus rapidement. Tout cela est passionnant, mais peut aussi devenir épuisant. Il nous faut apprendre à faire des pauses de silence.  

Révisé 6 juillet 2020

Photo New Yorker - Leonard Cohen - Make it Darker

Photo New Yorker - Leonard Cohen - Make it Darker

Dans la Silicon Valley, par exemple, les plus avertis, ceux qui sont parmi les plus rapides de la planète, le savent. Bon nombre sont des adeptes de la méditation et sont capables de tout débrancher pendant un week-end entier.

Apprendre à méditer est souvent la meilleure façon de se connecter aux autres.

Apprendre la solitude est le conseil que nous donne Leonard Cohen. Le célèbre chanteur, moine bouddhiste depuis près de six ans, pratique la méditation Zen depuis plus de 45 ans. L'écrivain et philosophe, Pico Iyer, est allé passer quelques jours avec lui dans son monastère en Californie.

Celui qui pouvait avoir le monde à ses pieds a choisi de se rendre invisible, de devenir personne. Et il en était heureux. Il a consacré les dernières années à prendre soin du maître qui lui a enseigné le Zen. Sa façon très sensuelle et voluptueuse de parler de la solitude peut en étonner certains. En fait, lorsque le chanteur parlait d'immobilisme et de méditation, il parlait d'amour.


Pico Iyer a constaté que finalement cette vie méditative a permis à Leonard Cohen d'aimer encore plus profondément et de se préparer au départ de ceux qu'il aime. Son maître Zen centenaire dont il s'est occupé avec dévouement jusqu'à son décès, et sa sœur. L'écrivain raconte à quel point Leonard Cohen est humble. Pendant le temps qu'il a passé en sa compagnie, ce dernier faisait tout pour que son hôte soit confortable et se sente à l'aise. Toutes ces années à pratiquer le Zen ont appris à Leonard Cohen à servir avec amour.

Pico Iyer aussi est un homme d'exception. Dans son dernier livre, The Art of Stillness, il nous invite à rester assis trente minutes tous les jours en silence. Il a accordé une excellente interview à Paul Kennedy pour Ideas. Il explique pendant la première partie, à quel point il est essentiel de nous ouvrir aux autres, de nous mélanger et de redéfinir le sens du mot 'maison' pour chacun.

À une période de migration mondiale accélérée et de communication, pour Pico Iyer, l'aventure et la connexion se vivent en restant assis quelques minutes tous les jours. Il se définit lui-même comme un « migrant volontaire ». D'origine indienne, fils de migrants, Pico est né en Grande-Bretagne, il a émigré en Californie à l'âge de 7 ans et a fait des aller-retour pendant ses études en Angleterre. Il s'est alors aperçu à quel point, il aimait voler ! 

Aujourd'hui, il vit au Japon, dans un petit deux pièces, avec sa famille. Pour lui, son pays est le cercle des personnes qui pensent comme lui. Il voyage à travers le monde depuis près d'un demi-siècle. Pico a quitté son ancienne vie sédentaire, car il ne souhaitait pas être un marcheur endormi. « Nous devons trouver un sens à ce monde qui change constamment en modifiant continuellement la perception que nous avons de nous-mêmes. » Plus nous voyageons, plus nous allons vers les autres, plus nous nous percevons différemment. Et si nous ne sommes pas en mesure de voyager, ce sont les autres qui viennent vivre près de chez nous. « Cette diversité est formidable, elle nous enrichit. »

Pour l'avenir, l'écrivain souhaite que nous nous mélangions toujours davantage. Une mixité porteuse d'espoir. Les populations des pays qui s'isolent comme la Corée du Nord par exemple, un pays où les résidants ont seulement accès à un intranet représentent sa plus grande crainte. 

Pico Iyer a choisi une très belle métaphore pour exprimer l'importance qu'il accorde à l'immobilisme : « Lorsque nous voyageons », dit-il, « c'est comme si nous faisions notre marché. On se procure la matière première pour nous nourrir. Lorsque nous méditons, c'est comme cuisiner. L'immobilisme représente les fondations de notre maison. » 

Voyager, se déplacer, permet d'accumuler de l'information, des images, des souvenirs. Mais le plus important, c'est ce que nous ferons de tout ce que nous aurons accumulé. Il admire d'ailleurs l'écrivaine et poétesse Emily Dickinson qui a dépeint un monde riche et diversifié sans jamais quitté le Massachusetts. Il y a mille formes de voyages vers l'humanité.

Le livre de Pico Iyer n'est pas encore traduit, mais si vous lisez l'anglais, je vous le recommande, il est très bien écrit. Ce livre est d'une grande intelligence et sensibilité pour tous ceux qui souhaitent vivre mieux. Voici sa conférence sur Ted. 

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