Les Cahiers de l'imaginaire

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📙 Vivez-vous dans la matrice ? si votre réponse est oui, découvrez comment en sortir ?

Dans quelle réalité vivez-vous ?

Après la sortie d’un quatrième épisode, retour sur le film culte La Matrice. Quelles leçons en tirer ?

Image - Caspia Dahlstrom 📙 Vivez-vous dans la matrice ? si votre réponse est oui, découvrez comment en sortir ? par Sylvie Gendreau, fondatrice des Cahiers de l’imaginaire et de La Nouvelle École de Créativité.

Que pensez-vous du quatrième volet du film culte La Matrice ?

Dès la sortie du premier volet, La Matrice pose un problème philosophique essentiel : qu’est-ce que la réalité ?

Dans les premières minutes du film, on voit apparaître à l’écran de l’ordinateur de Néo (le héros) l’appel suivant : « Réveille-toi Néo ! ». Par la suite, Néo n’aura de cesse de batailler pour se libérer du monde « matériel » dans lequel il est emprisonné.

Il s’agit en « réalité » d’un programme, une simulation créée, dans un avenir plus ou moins éloigné, par une intelligence artificielle qui a pour objectif d’asservir les humaines en les maintenant captifs dans une matrice.

L’idée maîtresse qui sous-tend le scénario n’est pas nouvelle. Deux traditions religieuses, le bouddhisme et le christianisme gnostique, partagent un concept analogue : le problème fondamental auquel doit faire face l’humanité est l’ignorance. La solution consiste à réorienter complètement notre perspective de ce qu’est la réalité « matérielle » dans laquelle nous vivons.

Le film, tout comme les deux traditions religieuses, stipule aussi que nous nous berçons d’illusions dans un gigantesque rêve. Il n’est possible de s’en extirper qu’en prenant conscience de la nature onirique de la réalité.

Dans les quatre volets de la série, les références religieuses abondent. Que dire, par exemple, du nom de Trinité. Ou encore de la résurrection de Néo à la fin du premier film, et de celle Trinité dans le quatrième épisode.

Les emprunts à la nomenclature chrétienne sont nombreux : le nom donné à Néo : Monsieur Anderson (du grec andras qui signifie « homme », ce qui donne « le fils de l’homme ») ; le vaisseau spatial dénommé Nabuchodonosor : le roi Babylonien qui dans le Livre de Daniel est sans cesse hanté par des rêves symboliques qu’il est pressé d’interpréter ; ou encore la cité de Zion, la ville enfouie dans laquelle se réfugient les « éveillés » qui dans la tradition chrétienne et judaïque correspondaient à la Jérusalem céleste.

Mais qu’est-ce que la Matrice au juste ?

Pour les traditions gnostique et chrétienne, il s’agit d’un univers d’illusions dans lequel nous sommes englués. La libération (au prix d’efforts considérables) nous sera accordée par le biais d’une forme d’illumination, grâce aux enseignements que nous prodiguera un guide. Le cas échéant, et c’est là une question cruciale et très difficile à répondre : À quoi, au juste, s’éveille-t-on ?

Dans le film, Morpheus s’empresse de préciser à un Néo désormais « éveillé » que les apparences sont trompeuses. Les indices cinématographiques pointent, en effet, vers un monde à niveaux multiples : images réfléchies par des miroirs, murs constitués de multiples écrans qui projettent plusieurs facettes de la réalité.

Ainsi Néo, quoiqu’il fasse, se butte, une fois éveillé non pas à une réalité, mais à une construction étagée de la réalité issue elle-même d’un programme.

Le christianisme gnostique, le bouddhisme et la Matrice se rejoignent pour dépeindre une réalité illusoire et insaisissable. S’il existe une source, une référence ultime, il est impossible de l’appréhender ou de la saisir dans sa totalité. Toutefois, il suffit d’en faire l’expérience (ce qui n’est jamais une mince affaire). On arrive à toucher une réalité métaphysique qui transcende la réalité telle que nous la percevons habituellement par des efforts de conscience et une quête constante d’acquisition de nouvelles connaissances.

Envie de tenter l’expérience ?

Découvrez l’exercice 188

Déjouer les systèmes qui vous emprisonnent.


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Références

Letelier, L’Anomalie

Zweig, Stefan, Le monde d’hier.

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