Les Cahiers de l'imaginaire

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<strong>Humains + IA 🔲 pour prévenir un suicide </strong>

Comment intervenir pendant ces moments de désespoir qui mènent parfois jusqu'au suicide ?

Les adolescents sont particulièrement à risque, les plus âgés aussi. La dépression est un fléau qui affecte un nombre important de personnes. C'est d'ailleurs cette découverte qui a motivé Nancy Lublin à créer l'organisme à but non lucratif Crisis Text Line.

Révisé 10 juillet 2020

Humains + IA pour prévenir un suicide par Sylvie Gendreau

Quand Nancy Lublin a commencé à envoyer des SMS à des adolescents pour qu'ils soutiennent socialement son organisation en faisant, par exemple, du bénévolat, elle a eu un choc !

Les adolescents envoyaient à leur tour des SMS à propos de leurs problèmes personnels, allant du harcèlement à la dépression, aux abus sexuels. Elle a alors décidé de mettre en place une ligne de crises exclusivement par SMS. Les résultats ont explosé tout de suite comme elle l'explique dans sa conférence TED en mai 2015 !

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Ce message a été le déclencheur de la création de Crisis Text Line*, une organisation où des bénévoles sont formés pour choisir les mots qui sauront sauver ces personnes en détresse et la capacité d'alerter les services à proximité pour intervenir le plus rapidement possible.

Il n'arrêtera pas de me violer, et il me défend d'en parler à qui que ce soit. Et c'est mon père. Êtes-vous là ?

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Des millions de messages plus tard, l'organisation utilise l'intimité et le pouvoir des SMS pour aider les personnes avec des problèmes comme l'addiction, les pensées suicidaires, les désordres alimentaires, les abus sexuels... Les données collectées permettent de transformer les politiques et de préparer les écoles et les forces de l'ordre à mieux gérer les pics de crise.

C'est un projet inspirant qui illustre comment la technologie et les données peuvent nous aider à améliorer la société. 

Mais chacun d'entre nous peut également agir, à petite échelle, dans son milieu.

Que peut-on faire pour aider une personne en détresse ?

Combien de parents qui ont vécu l'épreuve douloureuse de perdre un enfant à cause d'un suicide s'est tourmenté en se demandant comment il aurait pu prévenir le geste fatidique. L'incompréhension demeure. Qui peut vraiment expliquer, après coup, la raison d'un tel geste. La personne part avec ses secrets intimes. On peut spéculer... mais cela restera des spéculations. 

Le mois dernier, c'est le suicide de la designer Kate Spade dont les accessoires de mode on ajouté une touche joyeuse et colorée à des accessoires contemporains qui correspondaient aux goûts des femmes, souhaitant un accessoire fonctionnel et chic sans se prendre au sérieux à prix raisonnable. Kate Spade était une créatrice américaine reconnue pour son talent, sa joie de vivre et son sourire.

Et que dire du suicide du célèbre et tant aimé chef Anthony Bourdain. Une nouvelle qui a atterré ses millions de fans au point de faire dire à certains : Mais pourquoi est-ce les meilleurs qui partent ?

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Ni l'argent ni la célébrité ni le charisme ne préviennent de la dépression et du suicide. On peut rarement deviner ce qui se passe dans la tête d'une autre personne.

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Anthony Bourdain en compagnie de Barak Obama au Vietnam.

Il n'y a pas de solutions simples. Côté prévention, un élément ressort toutefois. La meilleure façon d'aider, c'est d'essayer d'entretenir, le plus possible, des conversations de qualité avec nos proches.

Donner un sens à la vie aide à être moins déprimé.

C’est que révèle les résultats d’une étude * menée auprès de 177 adolescents. Les résultats démontrent que le fait de donner un sens à ce que l’on vit permet de faire face à des situations de stress et, par conséquent, de réduire la dépression. Le sens donné constitue une référence stable, une plate-forme de protection.

Photo Trinity Treft Humains + IA pour prévenir le suicide par Sylvie Gendreau

Comment l’expliquer ?

Donner un sens à ce qui nous arrive constitue pour les adolescents une soupape de sécurité. Cette soupape est importante pendant une période de la vie où l’on est particulièrement vulnérable. L’adolescent est à la découverte de lui-même et son rôle social est en changement constant. Cette métamorphose est accompagnée de bouleversements neurologiques qui le rendent fragile face à des facteurs de stress.   

C’est la même logique qui agit chez les adultes : donner, construire du sens autour des événements auxquels nous sommes confrontés. Mais chez les adolescents, elle revêt une importance toute particulière.   

Comment donner un sens à ce qui nous arrive ?

Le récit de soi peut nous y aider.

Mieux se connaître permet d’identifier ce à quoi on tient, ce qui est susceptible de donner un sens à notre vie.

Et il n’y a rien de mieux que de mettre par écrit ce récit de manière régulière. Mais quel que soit notre effort pour coucher sur papier ce que nous sommes, ce que nous avons vécu et vivons en ce moment, il vaut mieux ne pas trop mettre l’accent sur les mauvais souvenirs.*

En effet, ceux qui souffrent de dépression sévère sont malheureusement portés à se rappeler principalement leurs mauvais souvenirs. À l’inverse, ils ont de la difficulté à retracer les bons souvenirs. Ceux-ci sont plus flous, moins percutants, moins vivaces que les mauvais souvenirs. Chez ceux qui souffrent de dépression sévère, ce penchant a pour effet d’entretenir et d’intensifier leur dépression.

Les individus déprimés ont aussi tendance à juger moins positifs des événements qui ont tout pourtant pour être considérés sous un angle favorable. La quantité même de souvenirs agréables s’en trouve ainsi réduite. Le passé lointain se trouve en quelque sorte magnifié au détriment de souvenirs plus récents jugés moins positifs. Le « c’était mieux avant » a pour effet d’atténuer le rôle pourtant important des souvenirs récents dans la construction de la conscience que l’on a de soi. Le pouvoir de réparation que constitue le rappel des bons souvenirs s’en trouve affaibli.  

Ce travers des individus déprimés risque d’entacher l’objectivité vers laquelle doit tendre le récit de soi. À l’inverse, l’attitude qui consiste à faire preuve d’autocompassion dans l’écriture du récit de soi doit être encouragée.

L’autocompassion est souvent liée au bien-être*. La capacité qu’a un individu de faire preuve d’autocompassion se développe très tôt dans la vie et est reliée à ses relations d’attachement et ses contacts interpersonnels.

Plus tard, chez l’adulte, l’autocompassion joue un rôle important dans les relations d’attachement et les contacts interpersonnels des individus anxieux et dépressifs.

Un manque d’autocompassion ou une faible estime de soi, le refus des relations d’attachement et d’importants problèmes de relations interpersonnelles sont autant de facteurs qui sont tous reliés à un degré plus élevé de détresse émotionnelle et d’anxiété, selon une étude britannique récente*.

Encore là, les anxieux et les dépressifs doivent autant que possible cultiver l’estime de soi dans la rédaction de leur récit.

L’adolescence est une période de la vie où l’on se sent particulièrement vulnérable. Une époque durant laquelle le stress se manifeste fréquemment. Or le stress est un facteur clé dans la dépression.

Avec toutes les données accumulées (plus de 62 millions de messages), les 4000 bénévoles de Crisis Text Line, âgés de plus de 18 ans ont postulé en ligne. Après avoir passé le filtre d'une vérification de leurs antécédents, ils reçoivent une formation de 34 heures et peuvent ensuite sauver des vies 24heures/7jours. En avril dernier, Nancy Lublin a annoncé la création de Loris, une organisation à but lucratif, qui développera un algorithme pour aider les entreprises à esquisser des conversations bienveillantes entre ses employés pour favoriser l'empathie en leur apprenant à choisir les bons mots. La majorité des actions de l'entreprise seront détenues par l'organisme à but non lucratif, ce qui permettra d'assurer son financement à long terme.

Le problème de dépression n'est pas anodin.

Nous sommes vite entraînés par le cours parfois effréné de nos existences. Nous perdons facilement de vue ce qui donne un sens à ce que nous sommes en train de vivre. Le sens que l’on donne aux événements auxquels nous sommes confrontés est un fondement de la résilience.

Écrire son récit est un outil remarquablement efficace pour redonner du sens à nos échecs comme à nos réussites, et constitue une arme efficace pour lutter contre la dépression. C'est d'ailleurs un des apprentissages importants du cours en ligne que j'ai développé Ma vie telle que je l'imagine. Un travail sur soi essentiel pour affronter les épreuves avec plus de sérénité.

Pour développer votre potentiel 'empathique', je vous propose l'exercice Dessiner une conversation.

Envie de tenter l’expérience ?

Découvrez l’exercice No. 87

Dessiner une conversation


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Références :

* Crisis Text Line
** la designer Kate Spade 
*** chef Anthony Bourdain
**** étude menée auprès de 177 adolescents
***** mauvais souvenirs
****** bien-être
******* étude britannique
********  Nancy Lublin