Les Cahiers de l'imaginaire

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<strong>🔴 Pour y voir de plus près…</strong>

En 1830, Charlotte Bronte, à l’âge de 14 ans, fabriqua des livres miniatures à l’intention des soldats de plomb de son frère Branwell. Dans une de ces miniatures, vendue aux enchères en 2019 pour plus de 860 000 $, on retrouve, entre autres, une scène saisissante dans laquelle un assassin devenu fou est hanté par les fantômes de ses victimes. La scène, selon les experts, préfigure, sans l’ombre d’un doute, le moment où dans le roman Jane Eyre, Bertha Mason devient folle et met le feu au grenier où elle est tenue prisonnière. 

La British Library vient de lancer un appel public aux jeunes enfants britanniques pour qu’ils se mettent à la tâche et confectionnent eux aussi des livres miniatures. L’objectif est de constituer une collection en ligne de livres miniatures à l’intention des jouets (National Library of Miniature Books for the toy world). 

Le projet a rapidement reçu l’appui d’auteurs et d’illustrateurs professionnels. Jacqueline Wilson, par exemple, nous fait découvrir son petit écureuil, Fipsy, qui essaie tant bien que mal de s’ajuster aux conditions parfois difficiles du confinement rendu nécessaire par la crise coronavirus. 

Pour les enfants, confectionner des miniatures est à la fois une activité très agréable et formatrice. Elle leur permet de faire l’apprentissage de nouvelles responsabilités en les incitant à se mettre dans la peau des personnages qu’ils dessinent et mettent en scène. L’effet d’échelle n’est pas anodin. Pour les enfants, s’investir dans un petit monde qui est à leur portée les pousse à revêtir le rôle de celui qui tente de faire comprendre un événement, à l’instar de Fipsy qui explique à ses compagnons la situation dans laquelle lui et ses semblables se trouvent désormais. 

Les livres miniatures ont toujours suscités beaucoup d’intérêt (selon la Miniature Book Society, pour qu’un livre puisse entrer dans la catégorie des livres miniatures, ses dimensions (hauteur, largeur, épaisseur) ne doivent pas excéder 7,2 cm (3 pouces)). Certains sont réputés, car il s’agit de véritables tours de force. Telle une édition de la Divine Comédie de Dante imprimée à Padoue en 1878. Le livre est tellement petit — 3.2 X 4.5 cm  â€” qu’il a fallu 11 années pour l’imprimer. 

La taille réduite des livres miniatures s’explique par le fait qu’il s’agissait à l’origine de textes religieux. Les croyants pouvaient donc les avoir constamment à portée de main. Ou encore de textes controversés qu’il convenait de soustraire à la vue d’autrui. Mais leur utilité ne se limitait pas à la sphère religieuse ou occulte, des marchands tenaient sous leur ceinture des guides minuscules qu’ils pouvaient consulter à tout moment et qui leur indiquaient les équivalences de prix ou des tables de conversion de poids et de mesure. 

Mais qu’est-ce qui nous fascine tant dans ces miniatures ? 

Le fait de tenir en main, littéralement, la totalité d’un ouvrage donne l’impression d’en disposer facilement, de pouvoir en tirer profit à n’importe quel moment. Le soin avec lequel plusieurs d’entre eux ont été imprimés et reliés suscite l’admiration et en fait des objets d’art à par entière. De plus, les livres miniatures, étant donné de leur petitesse, disparaissent aisément. Ils sont rapidement devenus une denrée rare et, par conséquent, suscitent la convoitise des collectionneurs. 

Mais finalement, existerait-il une autre explication à l’engouement que suscite la miniaturisation ? Celle qui consiste, par exemple, à dire que plus un objet est petit, plus il nous incite à y voir de plus près…  

Envie de tenter l’expérience ?

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