Les Cahiers de l'imaginaire

View Original

<strong>Les robots et nous 🔲</strong>

Quoi qu'on en dise, nous nous attachons facilement. Nous projetons nos émotions partout autour de nous, y compris sur les objets qui nous entourent.

Alors pourquoi pas sur les robots qui font leur apparition et envahiront de plus en plus nos maisons et nos lieux de travail au cours des années à venir ?

Les robots et nous par Sylvie Gendreau et Pierre Guité

Mais les relations que nous entretiendrons avec eux pourraient poser problème. Les conflits qu'ils pourraient engendrés sont déjà largement traités au cinéma : Her, Ex Machina, Black Mirror...

À l'écran, les protagonistes des films ou des séries télé qui viennent d'être mentionnés sont soit des logiciels très sophistiqués ou encore des cyborgs ou des humanoïdes dont la ressemblance humaine est troublante. Mais il n'est pas nécessaire que les robots nous ressemblent pour que nous ressentions si c'est de l'affection ou du moins une certaine forme d'attachement. Il suffit de peu pour que notre empathie entre en action.

Selon le Dr Serge Tisseron, psychiatre, il existe trois types d'empathie :

1- L'empathie affective : le nouveau-né qui reconnaît les mimiques de sa mère et tente de les reproduire. Nous acquérons cette forme d'empathie dès l'âge d'un an.

2- L'empathie cognitive : l'enfant ne fait pas que reconnaître les mimiques de sa mère ou des adultes qui l'entourent, il les comprend. Cette forme d'empathie est acquise dès l'âge de quatre ans.

3- L'empathie émotionnelle : à ce stade, l'humain est capable de se mettre émotionnellement à la place de l'autre et de ressentir ce que l'autre éprouve. Cette forme d'empathie s'acquiert grâce à l'éducation et elle est à la base du sens de la morale et de la justice.Les robots peuvent être programmés pour atteindre les stades 1 et 2. Il s'agit d'empathie artificielle. Passer au stade 3 exigerait une mémoire évolutive, une capacité de raisonnement et un niveau de compétence élevée. L'empathie du robot est une empathie de simulateur. Piqués au vif, comme le souligne le Dr Tisseron, les robotisions rétorquent alors que les humains sont eux-mêmes de redoutables simulateurs.

Si on pousse le raisonnement un peu plus loin, certains pourraient aussi affirmer qu'un robot doté d'une empathie artificielle de stade 2 est amplement suffisant. Après tout, les relations avec un tel robot ne seraient pas conflictuelles. Le robot serait programmé pour être complaisant à notre égard. Il nous complimenterait. Son attitude, ses remarques seraient conformes à nos attentes. À tel point qu'il y aurait fort à parier que nous éprouverions rapidement à son égard une forme de dépendance.

Serge Tisseron nous met en garde, il ne s'agirait que d'un robot Nutella. Mais là encore, beaucoup préfèrent le Nutella au véritable chocolat (et pas seulement à cause du prix).

Il existe trois éléments fondamentaux de l'existence :

  1. l'estime de soi ;

  2. penser que nous aimons et que nous sommes aimés ;

  3. exercer nos talents et nos droits citoyens.

L'empathie de stade 3 est au coeur de ces fondements et fait de nous des êtres imprévisibles. Les robots n'ont pour l'instant par d'estime de soi ; ils n'ont pas encore de droits ; et il n'existe pas, du moins pour l'instant, de réciprocité émotionnelle.

Les fabricants, eux, ne voient pas la chose de cette façon. Ils font tout pour nous convaincre que leurs robots ont du coeur, qu'il s'attachera rapidement à nous, qu'ils sauront nous écouter, qu'ils pourront être nos confidents.

Outre le fait que cette publicité n'est pas fondée (on veut nous vendre une empathie de stade 3 alors qu'il s'agit au mieux d'un stade 2), le robot complaisant et confident auquel on s'attachera pourrait rapidement s'avérer un redoutable collecteur de données personnelles et un manipulateur redoutable cherchant à nous faire consommer tel ou tel produit ou tel ou tel service. Notez au passage que les robots nouvelle génération ne sont pas totalement autonomes. Ils sont tous reliés à des réseaux. À ceux des entreprises qui les ont fabriqués et bientôt à des communautés de robots avec lesquelles ils échangeront massivement des données.

Bienvenue à Pepper ! Ne me dites pas que vous ne le trouvez pas craquant ? Le robot avec un coeur. Comme le suggère la pub. Il est fabriqué par SoftBank et il fait un malheur au Japon où il vient d'être introduit. Il exprime ses états émotionnels grâce à une tablette graphique pendue à son cou.

Un système de reconnaissance visuelle lui permet de repérer par les gestes les états émotionnels élémentaires et de réagir en proposant un jeu ou un commentaire.  Il dispose de plus de 200 applications : danses, jeux, histoires à raconter pour les enfants. Sa conversation est quelque peu limitée, mais il s'agit de ses premiers pas vers le stade 1...

Envie de tenter l’expérience ?

DÉCOUVREZ L’EXERCICE No. 21


Écrire de la poésie ?


See this content in the original post